"Adios Bahamas", le dernier chef-d'oeuvre de Népal


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Le premier album studio de Népal, Adios Bahamas, est enfin disponible. Le jeune rappeur parisien, qui s’en est allé tragiquement le 9 novembre dernier à Paris, a pris le temps de nous livrer une œuvre sincère, humble et terriblement esthétique ; digne du talent et de la virtuosité artistique qu’on lui connaissait.

Nul ne peut entamer l’écoute d’Adios Bahamas s’en ressentir un certain pincement au cœur, une certaine émotion. Attendu depuis plusieurs années par les plus fidèles amateurs de rap après de nombreux projets réussis, seul ou accompagné, le premier album de Népal est enfin là... mais orphelin de son artiste. Malgré l’annonce de la tragédie il y a quelque mois, l’entourage de l’artiste a tenu à respecter les volontés artistiques déjà établies par ce-dernier, dévoilant ainsi, quelques semaines plus tard, les visuels de Là-bas, puis de Daruma, avant la sortie de l’album donc, ce vendredi 10 janvier 2020.

L’opening de cet opus de douze titres se fait dans une ambiance aquatique, où les différents sons nous transportent immédiatement en bord de mer, très certainement une référence immédiatement au titre de l'album. S’en suit une vague instrumentale sur laquelle une voix japonaise introduit le projet à la façon d’un manga. Cette réalisation n'est finalement pas si étonnante, tant on connait l’amour que portait l’artiste de la 75ème session pour le Japon et sa culture. Sur ce, l’album est enfin lancé. On y retrouve un Népal fidèle à lui même ; mélancolique, touchant et terriblement juste à chacune de ses lignes. Il expose notamment son ennui perpétuel, accompagné par son intérêt pour le monde contemporain. Au travers de phases subtiles et soigneusement travaillées, il évoque tour à tour des sujets sensibles et générationnels ; l'écologie, la drogue, la géopolitique mondiale instable ou encore le contexte social qui pèse sur la France depuis plusieurs mois. Comme il l'exprime depuis le début de sa carrière, Népal peine en effet à trouver sa place au sein de la société incohérente et parfois même désespérante qui l'entoure. Connu pour son univers plutôt sombre issu de la scène « underground », l’artiste nous laisse néanmoins entrevoir ici quelques rayons de soleil, à l’image de Sundance ou de Lemonade, où son rap plus léger s’accompagne d’une rythmique davantage colorée.  

Un album sincère et personnel

Sur cet opus que l'on peut caractériser de concis, sobre et efficace, Népal a fait le choix d’inviter ses collaborateurs les plus proches afin de nous livrer un album qui lui ressemble. On peut ainsi retrouver le jeune rappeur suisse Di-Meh sur le morceau Ennemis, Pt.2, avant d’entendre Nekfeu sur le titre En face, un morceau juste et qui transpire la nostalgie. Les deux rappeurs parisiens avaient déjà collaboré ensemble sur Esquimaux, extrait de l’album Cyborg du fennek. On retrouve ensuite Sheldon, autre membre de la 75ème session, sur le titre Vibe, 3010 sur le morceau Sans voir et enfin Doums, son fidèle acolyte avec qui il formait le duo 2fingz, sur Millionnaire. Népal a également assuré lui-même une grande partie de la production de l'album, accompagné par les non-moins célèbres Diabi et Hugz Hefner, entre autres. 

Pour ce projet, Népal a également pris le soin de nous livrer une esthétique à la hauteur de la qualité de l'albym. En plus des deux clips dévoilés au mois de décembre, l’imagerie de l’album et les nombreux clichés – publiés sur le compte Instagram de l’artiste – qui l’accompagne, subliment en effet encore un peu plus l’œuvre. Au-delà d’être un album posthume, Adios Bahamas sonne avant tout comme une conclusion de la carrière courte mais intense de Népal, également KLM ou encore Grand Master Splinter ; un artiste singulier, discret et mystérieux. Nul doute néanmoins que son œuvre et son message perdureront encore durant de nombreuses années. Adieu l’artiste.

Adios Bahamas, Népal


Article rédigé par C. LEFEBVRE






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