Music To Be Murdered By ; le retour gagnant d'Eminem

Résultats de recherche d'images pour « music to be murdered by eminem »Il y a tout juste une semaine sortait le nouvel album d’Eminem : Music To Be Murdered By. Un album surprise, un an et demi après Kamikaze qui l’était tout autant, accompagné du clip de Darkness, l’un des 20 morceaux de l’album et qui fait allusion à la fusillade intervenue lors d’un festival de musique à Las Vegas en 2017, faisant 58 morts. Marshall Mathers est de retour, et le ton est donné d'entrée.

C’est dans la nuit du 17 janvier 2020 qu’a donc été dévoilé, sur toutes les plateformes de streaming et à la surprise générale, le onzième album studio de la carrière d’Eminem. Après plusieurs déceptions au cours des dernières années, notamment Revival en 2017, le rappeur de Détroit se savait attendu. Alors que beaucoup semblaient douter des capacités de Slim Shady à revenir au sommet de son art, plusieurs fulgurances sur son dernier album Kamikaze avaient néanmoins laissé présager le contraire. Espoirs désormais confirmés avec ce nouvel album, où l’on semble retrouver un Eminem comparable à celui du début des années 2000. Grandement accompagné du célébrissime Dr. Dre, Marshall Mathers a donc livré Music To Be Murdered By, une œuvre musicale de vingt morceaux, pour le plus grand bonheur de ses fans et des amoureux de rap.  

Une direction artistique précise

Pour cet album, Eminem sa choisi de s'inspirer du mythique réalisateur américain, Alfred Hitchcock, et de son œuvre du même titre : « Music to be Murdered by », parue en 1958. Ce projet regroupait notamment de nombreux dialogues, au sein desquels le réalisateur se permettait un certain humour macabre sur divers meurtres et atrocités ; thèmes également récurrents chez le rappeur depuis le début de sa carrière. En plus du titre de l’album, cette référence d’Eminem à l’œuvre d’Hitchcock se témoigne également par la pochette de ce dernier, sur laquelle on retrouve le rappeur de Détroit en costume, pistolet sur la tempe et hache dans l’autre main, à la manière de son illustre ainé en couverture de son œuvre. Plus surprenant encore, Alfred Hitchcock, décédé en 1980, est présent sur la tracklist de l’opus. En effet, on retrouve sa voix lors du premier interlude, ainsi que sur l’outro du projet. Grandiose. 

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Une fois les bases posées, Eminem peut laisser parler la musique… et son flow. Après deux derniers albums où le rappeur de Détroit semblait avoir perdu de sa superbe, il revient désormais rajeuni d’une quinzaine d’années, découpant les instrus à la pelle avec pas moins de trente flows différents tout au long de l’album. Sur le morceau Godzilla, en collaboration avec le regretté Juice WRLD, Slim Shady a par ailleurs une nouvelle fois explosé son record de vitesse – il détenait les deux précédents avec Rap God en 2013 et Majesty en 2018 – débitant 229 mots en 30 secondes, soit 339 syllabes et donc 11,3 syllabes par seconde. Mais au-delà de rapper vite et bien ; ce qu’il n’a plus besoin de démontrer, Eminem nous livre aussi, dans cet album, des refrains mélodieux, doux et maitrisés, notamment sur In Too Deep et Farewell.

Dans cet album sombre et à la fois introspectif, Eminem aborde des sujets qu’il connaît bien et qu’il maîtrise parfaitement tels que la drogue, l’alcool, le manque de reconnaissance et l’isolement, mais n’hésite pas non plus à s’engager politiquement, à l’encontre de Donald Trump notamment, au sujet du port des armes à feu aux États-Unis. Il y dénonce les trop nombreuses tueries de masse dans son pays – 417 en 2019 selon Gun Violence Archive – et pousse ses auditeurs à le suivre dans son engagement. Le clip de Darkness, dans lequel le rappeur se met dans la peau du tueur de Las Vegas en 2017, se conclu d'ailleurs par le message suivant : « Quand cela va-t-il s’arrêter ? Quand suffisamment de personnes s’en préoccuperont. Faites entendre votre voix et aidez à changer la législation sur les armes à feu aux États-Unis ». Poignant.

Un Eminem plus entouré que jamais

Pour revenir en beauté, Eminem avait toutefois besoin de s’entourer des meilleurs, à commencer par Dr. Dre. Absent des projets du rappeur depuis 2010 et l’album Recovery – à l’exception d’une apparition sur le morceau Remind Me sorti en 2017 – le serial-producteur américain fait son grand retour sur Music To Be Murdered By et se retrouve sur pas moins de sept sons de l’album. Avec ce « comme back », Eminem témoigne ainsi son désir de renouer avec l’esthétique musicale de ses débuts, et ce n’est pas pour nous déplaire. Cette volonté de l’artiste se confirme également par la présence des producteurs Dawaun Parker, Luis Resto et Trevor Lawrence Jr, tous présents sur l’album Relapse, sorti en 2009, et qui reste encore à ce jour l’un des chefs d’œuvre du rappeur. Par ailleurs, on peut également retrouver sur cette dernière sortie la crème actuelle du beatmaking, avec Dem Jointz, D.A Doman, Ricky Racks ou encore The Alchemist, pour des ambiances très variées et des influences hétérogènes, actuelles comme anciennes. Le morceau Those Kinda Nights notamment, en featuring avec Ed Sheeran, offre une dose de nostalgie, transportant son auditeur au beau milieu des années 2000 et ne manquant pas de rappeler des morceaux du Rap God tels que Ass Like That ou Shake That.

En termes de collaborations, Eminem a cette fois-ci bouleversé ses habitudes, invitant pas moins de 14 artistes différents pour neuf morceaux en featuring, soit près de la moitié de l’album. On retrouve notamment BlackThought, Q-Tip, Royce da 5’9’’, Juice WRLD, Ed Sheeran, Young M.A, Skylar Grey, Anderson Paak, Royce da 5’9’’, King Crooked ou encore Joell Ortiz. Afin de conserver l’effet surprise de son album et donc d’éviter toute fuite, la quasi-totalité de ces artistes n’étaient pas au courant que leurs couplets enregistrés avec Eminem figureraient sur le prochain album de l’artiste.


À 47 ans, Eminem a donc dévoilé le 17 janvier dernier, une œuvre minutieusement travaillée, réfléchie, et qui s’avère finalement réussie. La globalité de l’album se veut plaisante et presque aucun morceau n’est à « oublier ». La production et les collaborations, parfois surprenantes et innnatendues, sont quant à elles de taille et participent toutes à la réussite de cet album. Si Music To Be Murdered By ne se rangera sûrement dans la catégorie « chefs d’œuvre » de la discographie d’Eminem, l’opus a tout de même le mérite de démontrer que Marshall Mathers est toujours là, lui qui a déjà marqué l’histoire du rap de son empreinte et qui n’a désormais plus grand-chose à prouver, si ce n’est faire ce qu’il aime le plus : rapper.




Article rédigé par C. LEFEBVRE 

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